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 09 Mars 2006 : Forum Parlementaire des Verts européens

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MessageSujet: 09 Mars 2006 : Forum Parlementaire des Verts européens   09 Mars 2006 : Forum Parlementaire des Verts européens Icon_minitimeDim 8 Oct - 9:25

Intervention au Forum Parlementaire des Verts européens
« De nouveaux horizons pour l’Europe »

Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour évoquer un sujet important qui ne fait pas, actuellement, l’actualité en France car le traumatisme du referendum est encore là. Avec Daniel COHN-BENDIT, nous avons fait des réunions publiques communes pour défendre ce OUI qui n’a obtenu en France que 45,4 % des suffrages. La question qui se pose, toute simple mais essentielle, c’est comment l’Europe peut-elle repartir ? Est-ce possible ? Et si oui, comment ?


La question est importante parce que moi qui ai voté pour le OUI, je pense qu’il est absolument indispensable que l’Europe reparte. Mais pour savoir comment l’Europe doit repartir, il nous faut comprendre quel est le sens du Non et quelles sont les raisons profondes de ce résultat du referendum en France ?


Avant de venir vous voir, j’ai à nouveau regardé l’ensemble de ces votes et c’est d’abord de cela que je voudrais vous parler. Il y a eu beaucoup de débats à ce propos, de sociologues, d’analystes politiques, de sondages qualitatifs. Parmi toutes les explications qui ont été avancées, je voudrais vous en livrer trois qui éclairent à mon sens les déterminations de ce vote politique.


La première chose qu’il faut bien comprendre, c’est que le vote pour le NON n’a pas été un vote contre les autres pays de l’Europe mais quelque chose de beaucoup plus profond, de beaucoup plus structuré, en relation avec la citoyenneté française. En France, l’Etat est centralisé ; même lorsqu’on fait la décentralisation, c’est pour que l’Etat fonctionne mieux. Il est garant de l’égalité territoriale et de la Nation, une idée à laquelle nous sommes très attachés. Cet Etat a des frontières tangibles. Or l’Europe est vécue par beaucoup comme à l’opposé de ce modèle : elle est à la fois hétérogène, multipolaire et ses frontières bougent. Pour redonner un souffle à l’Europe, il va falloir résoudre ce qui est vécu comme une contradiction et non comme une articulation souhaitable.


Compte tenu de la force de l’Etat dans la conception de la citoyenneté française, le citoyen se sent, avec l’Europe, beaucoup plus exposé, d’autant plus exposé que, dans notre tradition, l’Etat est vécu comme pourvoyeur, pour les individus, de protection, d’identité et de statut. La relation des Français à l’Europe ne va donc pas de soi. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne veulent pas devenir européens mais cet attachement à l’Etat est vécu comme contradictoire avec l’identité même de l’Europe et cette contradiction est aggravée par le contexte du chômage de masse. J’ai été frappée par les propos des jeunes qui avaient été confrontés au Président de la République sur une grande chaîne de télévision. J’ai regardé les scripts : ils disaient des phrases comme « sans travail, on ne compte pas ! » ou « on ne peut pas compter sur l’Europe puisqu’on ne compte pas en Europe». Cette question du chômage a été déterminante. Et aussi autre chose : je crois que, pour les catégories populaires, le passage à l’euro a provoqué, faute d’un contrôle efficace, une hausse des prix, notamment des produits alimentaires. L’Europe a donc été vécue comme un facteur de réduction du pouvoir d’achat.


Le deuxième élément structurant du vote, c’est la combinaison de ce malaise social avec l’idée qu’il y a des forces qui nous dépassent et nous menacent : des risques sur l’environnement, des risques terroristes, des risques sanitaires, des risques sur l’emploi, etc. L’Europe a été vécue par les électeurs qui ont voté NON comme une dépossession, comme quelque chose qui fragilise, qui expose, qui met en péril parce qu’elle n’a pas fait la preuve de sa capacité de protection. Au moment du vote, ce sentiment de menace a été aggravé par le rejet du gouvernement en place qui était à ce moment-là très impopulaire et dont la parole politique n’apparaissait pas comme garante de la maîtrise de ces différentes menaces. Beaucoup d’électeurs socialistes ou de gauche ont exprimé leur profond désarroi au moment du vote. Je le rappelle : 60% du vote de NON est un vote de gauche, alors que le vote OUI avait été majoritaire au sein du Parti Socialiste. L’Europe perçue comme fragilisante et le gouvernement perçu comme accentuant cette fragilisation : ce téléscopage a nourri le vote NON.


Le troisième déterminant, c’est le refus d’une perspective d’hégémonie de l’ultra libéralisme et on a vu tout au long de la campagne à quel point les électeurs étaient tiraillés entre l’idée d’une Europe bénéfique et l’idée d’une Europe maléfique. La bonne Europe c’est, de l’avis majoritaire des Français, celle qui a des valeurs, celle qui rend plus forts collectivement, celle qui nous permet de peser face aux autres continents. La mauvaise Europe, c’est celle qui est associée à l’insécurité sociale dans un contexte où beaucoup de salariés vivent et subissent quotidiennement le travail précaire, même dans les catégories moyennes. Le grand changement par rapport à Maastricht, c’est justement que les catégories moyennes, y compris les agents publics, les fonctionnaires, sont progressivement venues vers le NON parce que la bonne Europe leur est apparue utopique et la mauvaise Europe bien réelle. D’où ce rejet en bloc de tous ceux qui se sont dit : l’Europe ne nous a pas défendus contre cette hégémonie croissante du libéralisme, elle l’a au contraire favorisée. Cet argument l’a emporté face à ceux qui pensaient, comme moi, que c’est justement parce que l’Europe n’a pas suffisamment défendu et protégé contre cette hégémonie du libéralisme, qu’il nous fallait une Constitution qui nous permettrait de lutter plus efficacement. Les gens ont regardé ce qu’ils avaient sous les yeux, ce qu’ils vivaient et pas les promesses d’un futur meilleur. C’est ce qu’ils vivaient quotidiennement qui a déterminé le regard majoritaire posé sur l’Europe : le vécu du chômage, des délocalisations, du dumping social. L’argument de la paix, souvent avancé, n’a pas convaincu car la paix semble acquise, sauf chez les électeurs les plus âgés qui ont encore le souvenir de la guerre ; chez les électeurs de plus de 65 ans, le OUI a été majoritaire alors que les électeurs de 18 à 34 ans ont voté à plus de 60 % pour le NON.



Le citoyen, comme acteur politique, se sent dépossédé et il s’est affirmé en s’opposant, en provoquant une rupture. Dans ce contexte, la rupture, c’est-à-dire le NON, est apparue moins dangereuse que le OUI, moins dangereuse que le consentement à une Europe virtuelle que les gens ne vivaient pas encore.


Lorsqu’on regarde tout cela, lorsqu’on décortique les motivations du NON, lorsqu’on prend en considération le contexte politique désastreux avec une popularité du gouvernement au plus bas, lorsqu’on observe que l’on a voté dans une situation de chômage de masse et de fortes inquiétudes sociales, lorsqu’on prend conscience aussi de l’opacité des discussions européennes et du fait que très peu d’électeurs étaient conscients que le projet de Constitution était déjà le fruit de très longues discussions, on comprend mieux ce qui s’est passé. L’élaboration de la Constitution, personne n’en a parlé à l’opinion publique, cela se faisait dans des cercles assez fermés, les gens ne savaient pas quels cheminements avaient conduit à quels consensus, ils ignoraient que les valeurs de gauche l’avaient emporté dans un certain nombre d’articles importants de ce texte. Et puis les Français se disaient : on ne nous a pas consultés par référendum sur l’élargissement de l’Europe alors que c’est quelque chose de très simple - « oui ou non voulez-vous que de nouveaux pays entrent dans l’Union Européenne ? » - et voilà que, sur des questions compliquées comme la Constitution, tout d’un coup, on consulte le peuple. Compte tenu de tout cela, je pense que le score du OUI est déjà quelque chose d’exceptionnel ! Il y a eu aussi un OUI culturel, un OUI de raison, un OUI de refus du nationalisme, un OUI de refus de mêler sa voix au NON de l’extrême droite, un OUI ardemment européen et c’est ce qui explique qu’il y ait quand même eu 45 % de OUI malgré toutes les raisons de voter NON que je viens d’évoquer.


Alors, dans ce contexte, comment repartir ? Ce n’est pas facile mais l’année 2007 devra être une année où il faudra clarifier les choses. Comment remet-on sur l’établi le chantier de l’Europe ? Je vais vous dire comment je vois les choses, à titre personnel car le Parti Socialiste français n’a pas encore arrêté sa position même si le groupe socialiste au Parlement Européen a réfléchi et si nous écoutons beaucoup les organisations syndicales qui ont, elles aussi, des choses à dire. Il y a, pour moi, quelques grandes pistes.


Je pense d’abord qu’il est impensable de revenir devant le Parlement avec le même texte, tel quel, que les Français ont refusé par référendum. Ce serait une forme de déni démocratique. Je crois que l’opinion publique ne l’accepterait pas et, en tant que responsable socialiste, c’est quelque chose que je ne peux même pas imaginer. Faut-il s’en tenir à une « petite constitution » réduite aux parties I et II ? Je pense que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Pendant le débat, on a entendu beaucoup de Français qui disaient « si les responsables politiques pensent que ce texte est une bonne chose, pourquoi demandent-ils l’avis du peuple ? Qu’ils en décident au Parlement ! Mais s’ils font une consultation populaire, qu’ils ne s’étonnent pas qu’on leur donne réellement notre avis par rapport à la façon dont on sent les choses ». Il me paraît donc très difficile d’y revenir puisque le choix a été fait d’une consultation démocratique.



Alors que reste-t-il comme solution ? On pourrait se dire : puisque le chômage de masse a pesé lourd dans le rejet de l’Europe, au sens où l’Europe n’est pas apparue comme suffisamment protectrice ou dynamique pour répondre à ce problème, faut-il attendre de résoudre la question du chômage de masse ? Il me paraît difficile d’attendre de relancer l’emploi pour relancer l’Europe. Ce qu’il faut et c’est là une exigence forte, c’est prouver que l’Europe peut nous aider à résoudre les grands problèmes qui se posent à nous. Il faut donc repartir, à mon avis, de trois chantiers majeurs pour l’Europe et prouver qu’on peut avancer sur ces chantiers-là. Il nous faut des valeurs communes et il nous faut des textes communs mais il nous faut surtout repartir d’une exigence d’efficacité de la politique et faire la preuve des choses. Les opinions publiques, dans nos pays, ne croient plus aux grands discours théoriques, elles attendent la politique par la preuve.


Les trois grands chantiers auxquels je pense que cette démarche doit s’appliquer pour faire repartir l’Europe sont l’emploi, l’environnement, la recherche et la formation. C’est sur ces trois grands thèmes qu’il nous faut en priorité rebâtir des projets collectifs et montrer pourquoi, pour y arriver, nous avons besoin de textes communs dans les domaines, par exemple, du droit du travail, des valeurs environnementales, de l’éthique dans la recherche. C’est comme cela que nous pourrons démontrer à nos opinions l’utilité de l’Europe et la refaire étape par étape, en reconstruisant des actions politiques qui auront un impact direct sur les territoires. Je sens que c’est possible dans les dialogues opérationnels que nous avons avec d’autres Régions d’Europe. Le Poitou-Charentes est une Région maritime et nous avons, entre régions européennes, beaucoup de choses à nous dire et à faire ensemble sur la pollution de la mer, sur la question du transport maritime, sur la question de l’avenir de la pêche, etc. Nous sommes parfois bloqués par nos législations différentes sur un certain nombre de questions, notamment environnementales, et nous pourrions avancer plus vite avec des valeurs et des règles communes.


En un mot, je pense que ce qu’il faut construire pas à pas c’est l’Europe par la preuve, comme il faut, aujourd’hui, rebâtir la politique par la preuve. C’est de cette façon que l’Europe pourra être perçue comme un rempart et non comme un accélérateur des mutations indésirables. C’est de cette façon que, dans ces trois domaines, l’Europe pourra prouver qu’elle met bien les valeurs humaines au-dessus des valeurs boursières. C’est de cette façon que l’on pourra clarifier et traiter des questions qui sont idéologiquement fortes pour les Français : la question du service public (dans le domaine de l’environnement avec le problème des contrôles sanitaires ou dans le domaine de la rechercha avec la nécessité de payer correctement des chercheurs pour qu’ils restent dans les laboratoires publics) et la question du « modèle social français ». Ces sujets très sensibles pour les Français peuvent être abordés très concrètement dans les trois domaines que j’ai évoqués et trouver un éclairage différent selon l’héritage culturel de chacun de nos pays.


Je forme le vœu d’une Europe qui redémarre dans les territoires en tenant compte de ce que les Français ont voulu dire, dont je ne pense pas que cela signifiait un NON à l’Europe mais plutôt que cela exprimait l’exigence d’une Europe plus démocratique et surtout plus efficace, d’une Europe prouvant qu’elle est capable d’aider à régler les problèmes que vivent aujourd’hui les catégories moyennes et populaires. Merci de votre attention.

09 Mars 2006 : Forum Parlementaire des Verts européens Segolene150
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