22 Septembre 2006 : Interview - La Dépêche du MidiJe pense que le socialisme vivant, c'est le socialisme du réel et que la politique crédible, c'est la politique par la preuveSur l'immigration, vous avez pris des positions contre le regroupement familial qui ne sont pas d'inspiration socialiste…Il n'est pas question d'empêcher le regroupement familial qui est le droit de mener une vie de famille normale là où on est installé. En revanche, beaucoup de travailleurs saisonniers restent en France une fois leur contrat terminé et font venir illégalement leur famille parce qu'ils craignent de ne pouvoir revenir travailler dans notre pays s'ils en partent. Je crois qu'il faut créer un droit moderne à l'aller et au retour, qui permette de venir travailler ici puis de retrouver en toute tranquillité les siens dans son pays en sachant qu'on pourra à nouveau répondre à des offres de travail utiles. C'est une question de respect de la dignité des travailleurs étrangers.
Comment expliquez-vous les attaques dont vous êtes victime de la part de vos rivaux socialistes ?Je pense que le socialisme vivant, c'est le socialisme du réel et que la politique crédible, c'est la politique par la preuve. On doit admettre, par exemple, que les 35 heures n'ont pas été mirifiques pour tout le monde. Etre fier de ses réussites ne doit pas empêcher de rectifier le tir là où les objectifs ne sont pas atteints. Je crois aussi que le machisme n'est pas mort.
Pour vous, qu'est-ce qui est le plus difficile : vous battre contre Sarkozy ou batailler avec vos rivaux socialistes ?Je ne me bats contre aucun socialiste. Mon combat, je le mène contre la droite, vision contre vision, projet contre projet, pour retirer le pays vers le haut. La droite divise les Français et détruit les protections collectives qui aident à aller de l'avant. De la précarisation généralisée aux remises en cause, par M. Sarkozy, de la loi de 1905 sur la laïcité, la droite s'en prend à tous les fondements de la République. C'est à tout cela qu'il faut mettre un coup d'arrêt. Pour le reste, je me suis fixée comme règle de ne pas répondre aux attaques personnelles bien qu'elles soient parfois d'une violence qui me stupéfie.
Pourquoi ?Parce que suis attachée à la qualité du débat politique que les Français réclament à juste titre. Les pugilats ne favorisent que l'extrême-droite et l'abstention. Les socialistes doivent être responsables.
Qu'est-ce qui vous a le plus blessée dans ces attaques ?Je le dirai plus tard, aujourd'hui je ne veux pas y penser. Ce qui me donne la force d'avancer, ce sont les milliers de militants, de sympathisants, de citoyens avec qui je débats depuis plus de huit mois, lors de mes déplacements dans toute la France. C'est avec eux que je travaille pour les Français.
Vous craignez un front anti-Ségolène Royal lors d'un deuxième tour de la désignation interne au PS ?Je m'attends à tout. Mais j'aurai la force de maintenir la dignité du débat.
Dans le cadre de la campagne interne au PS, accepterez-vous de débattre avec vos rivaux socialistes autour d'une table devant les militants ?J'ai déjà dit que je participerai aux trois débats décidés par le Parti Socialiste. Ces débats doivent être constructifs et non nous affaiblir. Ils doivent être faits pour les militants et avec eux. Pour répondre à leurs questions et à leurs interrogations. Pour moi, les acteurs de la campagne, ce sont les militants.
Recueilli par Jean-Pierre Bédeï
Sources : http://www.desirsdavenir.org